La connaissance du normal est-elle inutile pour analyser l’émission Rencontres paranormales?
Un commentaire qui revient parfois pour remettre en doute la crédibilité de mes démonstrations et de mes analyses est que je ne suis pas un expert en paranormal. Cette façon de percevoir la situation est entre autres présente sur la page Facebook de Paracontacts (disponible ici):
«Malgré que je respecte l’opinion des gens, je déplore le fait que certaines personnes qui ont encore la couche aux fesses [sic] et sur les bancs d’école [sic], se disent expertes en paranormal ou dans un autre domaine. Comment peuvent-elles arriver à juger un domaine qui leur est totalement inconnu?»
En effet, le domaine du paranormal m’est plutôt inconnu. Bien que je me sois intéressé au sujet, que j’aie fait des lectures et que j’aie déjà eu des discussions sur le sujet avec diverses personnes qui y croient, je ne voudrais assurément pas me présenter comme un expert en paranormal. Alors je suis entièrement d’accord que pour analyser un phénomène paranormal, je n’ai pas nécessairement l’expertise suffisante pour être crédible sans m’y attarder longuement.
En fait, je suis plutôt un «expert» du normal, ou plutôt d’un aspect du normal, soit la physique. J’ai étudié (et j’étudie encore pour l’instant sans être sur des bancs d’école) comment le monde physique fonctionne. Bien que je sois loin de tout connaître, mes études et recherches au niveau universitaire m’offrent une base pour comprendre plusieurs phénomènes physiques. Cependant, je ne détiens pas la connaissance absolue et il est très légitime de vérifier si mes analyses sont fondées. Je ne demande pas de croire aveuglément en ce que je dis, au contraire. Mes affirmations et analyses sont vérifiables et j’encourage tous les lecteurs à les vérifier. Je parlerai dans un prochain article de la méthode utilisée pour valider les résultats scientifiques. Je veux m’attarder pour l’instant sur la notion d’expertise en paranormal.
Le paranormal est défini en fonction du normal (voir par exemple «paranormal» sur Wikipedia). Ainsi, avant de qualifier un phénomène comme étant paranormal, il faut d’abord comprendre ce qui est normal. L’exclusion convaincante de la possibilité d’une manifestation normale est un prérequis pour qualifier un phénomène comme étant paranormal.
Dans le cas d’un bref phénomène qui ne se reproduit pas facilement, il peut être difficile de l’analyser et de valider le caractère paranormal dudit phénomène. Il est possible que les témoins aient eu leurs sens trompés ou qu’ils ne soient pas au courant de la cause qui pourrait s’avérer être normale. Sinon, il est aussi possible qu’il s’agisse d’un réel phénomène paranormal. Conclure de façon définitive est plutôt difficile dans ce cas. Le phénomène est inexpliqué mais pas nécessairement paranormal.
Cependant, lorsqu’un phénomène peut être observé et/ou reproduit relativement facilement, comme dans le cas de la table de Rencontres paranormales, il est possible d’étudier le phénomène. Dans ce cas, plutôt que de rejeter les explications «normales» apportées par des individus en se basant sur leur manque de connaissance sur le paranormal, il faudrait plutôt expliquer en quoi le phénomène observé n’est pas normal. En fait, dans le cas qui nous intéresse ici, il faudrait surtout expliquer en quoi les analyses apportées sur ce blogue et par d’autres personnes sont invalides.
Justifier le caractère paranormal des mouvements de la table par des explications utilisant le paranormal n’a pas de sens puisqu’il s’agit d’un raisonnement circulaire. On justifie dans ce cas le paranormal par le paranormal sans démontrer a priori qu’il ne s’agit pas d’un phénomène normal. Dans le cas de la table, il serait facile de faire des expériences où il devient impossible pour le médium de faire basculer lui-même la table.
Malheureusement, aucune explication ou démonstration invalidant la méthode que j’ai suggérée n’a été offerte, au contraire. On a invalidé plusieurs possibilités (la table truquée, la possibilité d’utiliser des mécanismes cachés sous les manches, la possibilité d’avoir des complices, etc. ), mais lorsqu’il s’agit de l’explication offerte sur ce blogue, on tente d’invalider les compétences du messager. Je n’ai rien inventé sur ce blogue et je n’ai aucun mérite pour les explications que j’ai apportées. Mes explications ne sont que la mention de connaissances acquises depuis longtemps par d’autres personnes que moi. En m’exposant publiquement, je savais que je risquais ce genre de remise en question sur ma crédibilité. . Cependant, cette remise en question est tout de même plutôt marginale et mes explications ne dépendent pas de moi: elles sont vérifiables à l’extérieur de moi.
Conclusion
Ainsi, une des grandes faiblesses de l’émission Rencontres paranormales est que dans celle-ci, on conclut rapidement qu’on est en présence d’une manifestation paranormale sans s’être d’abord attardé de façon sérieuse à vérifier qu’il ne s’agissait pas plutôt d’un phénomène normal. Du moins, ceci se reflète entre autres dans l’histoire de la table (ici) et de la photo du fantôme du Club 1234 (ici).
De l’autre côté, il est impossible de prouver qu’il n’y a rien de paranormal dans l’émission, car prouver l’inexistence de quelque chose est absolument impossible. Cependant, je crois que les responsables de l’émission auraient dû avoir une approche beaucoup plus sérieuse pour vérifier s’ils étaient en présence de phénomènes normaux. En fait, il n’est pas trop tard pour le faire. Plusieurs magiciens, ingénieurs, scientifiques ou autres spécialistes pourraient suggérer des expériences qui pourraient confirmer que la table n’est pas manipulée.
Osera-t-on refaire une vérification plus sérieuse pour invalider mes explications? Je ne sais pas, mais ce qui est certain, c’est que plusieurs le souhaitent.
Cher Dany Plouffe,
Un mot en vitesse pour vous informer que j’ai lu certaines de vos interventions et que je les ai recommandées à des étudiants. Votre approche me plaît, car elle intègre la bienveillance et la rigueur.
En principe, la démarche à suivre devrait passer du « normal » à l' »anomalie » au « paranormal » au « surnaturel ». Les entités spirites appartiennent, par définition, au « surnaturel » qui ne concerne pas l’entreprise scientifique. Le chercheur d’obédience scientifique ne peut se prononcer sur l’existence ou l’inexistence d’une entité surnaturelle.
Dans le cas qui nous occupe, vous examinez une apparente anomalie et lui trouvez une explication normale en respectant le principe d’Ockham que « les entités ne doivent pas être multipliées par delà ce qui est nécessaire ».
Ce faisant, vos efforts favorisent la culture de l’esprit critique dont notre monde a bien besoin. Soyez remercié de votre approche limpide et patiente.
Avec mes salutations cordiales,
Louis Bélanger
Merci beaucoup M. Bélanger pour votre commentaire. C’est très apprécié!
En effet, nous avons besoin de développer dans ce monde un meilleur esprit critique. Sans nier l’existence du paranormal, nous devons vérifier les différentes allégations.
Excellent article Dany!
Je le souhaite. Bon article.
Très bon article et propos bien articulés!
Merci!