Des détails encore plus frappants sur le fantôme du Club 1234
Dans mon article intitulé «Le fantôme du Club 1234 démasqué?», j’ai discuté de la similarité entre le fantôme observé et le boîtier de l’interrupteur. J’ai aussi expliqué comment cette apparition pouvait être causée par une double réflexion: une première réflexion sur un tuyau métallique et une deuxième sur le boîtier de l’interrupteur. Cependant, les images que j’ai présentées dans le dernier article ne permettaient pas de bien distinguer les différents éléments sur la photo où on voit le fantôme, ce qui a laissé certains lecteurs sceptiques vis-à-vis mes explications. Cet article amènera des détails supplémentaires afin de démontrer davantage la correspondance entre le visage du fantôme et le boîtier.
Comparaison des images du fantôme et du boîtier
Un collègue physicien, Jonathan Vermette, ressentait le besoin d’être davantage convaincu que c’était bel et bien le boîtier de l’interrupteur et a donc analysé les images de l’émission. Il a d’abord modifié l’image du fantôme en changeant différents paramètres tels que le contraste et la luminosité. Ces transformations sont appliquées uniformément sur l’image pour permettre de faire ressortir les détails de la photo, pour mettre en relief certains contrastes. J’ai mis à la figure 1 les deux images qu’il a obtenues. Celle de gauche correspond à la transformation de l’image sur laquelle il y avait un fantôme, et celle de droite à l’image du boîtier tel que filmé dans l’émission Rencontres paranormales.

Figure 1: À gauche: image du fantôme, transformée pour mettre en relief les détails. À droite: image du boîtier de l'interrupteur. Images prises dans l'émission Rencontres paranormales et modifiées par Jonathan Vermette. (Source: émission «Rencontres paranormales» du 1er décembre 2010 sur la chaîne TVA.)
Notons que les deux images n’ont pas été prises suivant exactement le même angle et la même hauteur. De plus, les deux images ne sont pas exactement agrandies de la même façon. Cependant, malgré cela, les similarités sont frappantes. Nous observons entre autres sur les deux photos:
- Le tuyau métallique (sûrement en cuivre) à droite
- Sur la photo de gauche: l’ombrage du côté droit du boîtier métallique
- Le fil qui traverse le boîtier (en haut et en bas)
- Les nombreux fils en bas des images
- Le motif en carré à gauche formé par le mortier entre les briques
- Une zone un peu plus claire au-dessus de l’interrupteur
- La taille du visage et celle du boîtier sont très similaires
La correspondance entre le visage du fantôme et la position du boîtier devient alors beaucoup plus évidente. Ils ont la même position et les mêmes dimensions.
Réactions de Paracontact
Sur la page Facebook de Paracontact, une personne a mis le lien vers mon article précédent sur le même sujet. J’ai mis à la figure 2 une photo de la réponse d’une des personnes responsables de la page.

Figure 2: Commentaire pris sur la page Facebook de Paracontact (l'identité des personnes impliquées a été masquée). Cliquez sur l'image pour vous rendre sur la page de Facebook de Paracontact. (Source: Page Facebook de Paracontact)
Ainsi, un des membres du groupe affirme avoir essayé de reproduire le phénomène, mais en vain. Pourquoi n’ont-ils pas été capables de reproduire le phénomène? Pour pouvoir observer ce phénomène, il faut être placé à un endroit bien précis: la réflexion de la lumière suit une trajectoire bien précise. Considérant que la surface du boîtier de l’interrupteur est exactement perpendiculaire au sol et parallèle au mur, le photographe doit être placé de sorte que la lumière du flash puisse suivre la trajectoire décrite dans le article précédent. Ceci est dû aux propriétés géométriques de la réflexion de la lumière.
Dans le phénomène de réflexion, l’angle d’incidence de la lumière est égal à l’angle de réflexion, tel que présenté à la figure 3. Si la source lumineuse envoie des rayons lumineux dans la direction indiquée dans le schéma, l’observateur A de la figure 3 va observer les rayons lumineux de la source réfléchis par la surface (en noir), alors que l’observateur B ne les observera pas.

Figure 3: L'angle de réflexion doit être égal à l'angle d'incidence. Si la source envoie des rayons lumineux dans une direction précise tel que présenté sur le schéma, l'observateur A pourra voir ces rayons alors que l'observateur B ne les verra pas.
Dans le monde réel, les sources lumineuses autres que les lasers émettent de la lumière dans diverses directions et les surfaces ne sont pas parfaitement réfléchissantes (il y a aussi une partie diffusée et une partie absorbée tel que discuté dans mon dernier article). Cependant, l’explication ci-dessus nous aide à comprendre pourquoi un objet peut être vu ou non dans un miroir, selon la grandeur du miroir et sa position. Pour que l’on puisse voir l’objet, il faut que les rayons lumineux puissent parcourir une trajectoire passant par le miroir tout en respectant la règle que l’angle d’incidence doit être égal à l’angle de réflexion. J’ai tracé un schéma à la figure 4 pour montrer où doit se placer un observateur (dans la zone en vert) pour observer la source de lumière dans la surface réfléchissante (en noir), considérant que la surface réfléchissante a une taille finie tel que défini dans le schéma de la figure 4.

Figure 4: Région où doit se placer un observateur pour observer la source lumineuse dans le miroir, considérant que ce miroir a la largeur du tracé en noir.
Ainsi, pour reproduire le même phénomène de réflexion sur le boîtier de l’interrupteur, il faut être placé à un endroit précis. Essayez l’expérience: placez un petit miroir (de la taille du boîtier par exemple) au mur, et essayez de voir différents objets dans le miroir. Pour voir un objet en particulier, vous devez vous placer dans un angle bien précis.
Expérience concrète
Pour démontrer ce qui se passe, j’ai fait une expérience chez moi avec une lampe de poche et une surface noire (comme celle du boîtier). Cette surface est en fait un carton noir glacé. Je l’ai placé sur un autre objet pour le garder un peu plus haut que la table. La configuration de l’expérience est schématisée à la figure 5.

Figure 5: Configuration de l'expérience réalisée. Un carton noir glacé a été placé sur une table, surélevé par un autre objet. Une lampe de poche éclairait le carton. Les X représentent les deux positions où ont été prises les photos.
Sans déplacer quoi que ce soit, deux photos ont été prises: une à la position A (dans l’angle de réflexion de la lumière), et une à la position B (derrière la lampe de poche). Ces deux positions sont indiquées par des X dans la figure 5.
À la figure 6, nous voyons le résultat des deux photos prises. Dans le cas de la photo prise à la position A, nous voyons clairement que la surface noire brille due à la réflexion de la lumière venant de la lampe de poche. Dans le cas de la photo B, nous n’observons pas autant de lumière provenant de la surface noire. En fait, nous voyons clairement qu’il s’agit d’une surface noire. Ceci montre bien comment se produit le phénomène de réflexion.

Figure 6: Résultat des photos prises dans les positions A et B (voir figure 5 pour les détails de l'expérience).
Cette expérience montre que pour observer le phénomène de réflexion expliqué dans le article précédent, nous devons être placés à un endroit bien précis. Si on se déplace trop, nous ne verrons plus la réflexion sur la surface noire. Vous pouvez essayer vous même l’expérience. C’est probablement la raison pour laquelle les gens de l’équipe Paracontact n’ont pas réussi à reproduire le phénomène: ils ne se sont sûrement pas replacés au même endroit et dans la même direction que dans le cas de la photo initiale. Ils ont été ainsi simplement chanceux lors de la première série de photo.
Vérification à faire
Pour donner un poids encore plus grand aux explications que j’ai apportées pour expliquer l’image du fantôme, il serait possible de vérifier sur les lieux mêmes du Club 1234 si on peut diriger une source lumineuse vers le tuyau (ou un autre objet) et observer sur le boîtier électrique le reflet de la lumière sur le tuyau. En dirigeant correctement la source lumineuse sur le tuyau et en plaçant l’appareil selon le bon angle, il serait ainsi possible de reproduire une image similaire à celle du fantôme.
Il se pourrait que les détails de l’image soient légèrement différents dû au fait que pour avoir les mêmes motifs, il faut être positionné exactement à la même position que le photographe lorsqu’il a pris la photo (position, hauteur, angle, etc.). Il faut aussi avoir le même appareil photo. Mais il s’agirait tout de même d’une expérience intéressante que j’aimerais faire prochainement, si on m’invitait au Club 1234.
Conclusion
J’ai apporté dans cet article des éléments qui permettent de confirmer davantage que la position du visage du fantôme correspond à la position du boîtier de l’interrupteur. De plus, j’ai expliqué pourquoi il est nécessaire de se positionner à un endroit bien précis pour observer ce visage. Ceci vient expliquer pourquoi les gens de l’équipe de Paracontact n’ont pas réussi à répéter le même motif de visage, ceux-ci ne s’étant probablement pas repositionnés de la même façon lors de la photo initiale.
Cette histoire de visage de fantôme est extrêmement importante dans l’analyse de l’émission Rencontres paranormales afin de vérifier la crédibilité du médium Roger Mainville et de son équipe. En effet, tel que discuté dans l’article précédent, une entité a confirmé en utilisant la table que c’était bel et bien son visage. Il me semblerait plutôt farfelu de croire que l’entité ait voulu se manifester en utilisant simplement des principes de physique élémentaires.
Dans ce cas, il me semble n’y avoir que deux explications possibles. Soit l’entité a menti, soit M. Roger Mainville n’a pas réellement contacté une entité lors de cette séance. Si cette dernière option est vraie, la crédibilité de M. Roger Mainville est grandement affectée.
Ceci ne démontre en rien si le Club 1234 est hanté ou non par des entités. Cependant, si vous aviez un problème de plomberie, vous voudriez sûrement vous assurer que le plombier contacté est compétant pour faire le travail d’analyse et de réparation. On veut s’assurer de sa crédibilité. Si les entités paranormales existent vraiment, je devine qu’on voudrait aussi que le médium analysant la situation soit crédible.
Je dois appuyer cette hypothèse. Je suis photographe professionnel et l’explication décrite dans ce billet est exacte.
Le boitier de l’interrupteur semblant être d’une surface métallique est donc par conséquent très réfléchissante et pour ce qui est des dires de l’équipe d’avoir tentée de reproduire le phénomène… c’est chose quasi-impossible. Je m’explique… l’émission du flash doit être en provenance d’exactement le même emplacement (même hauteur et même angle). L’appareil captant le phénomène doit lui aussi être à la même hauteur et dans le même angle que lors du premier évènement afin de tenter de reproduire le phénomène exact. De plus, si la lumière ambiante n’est pas la même, s’il y a plus d’obstacles (personnes dans la pièce) et pas à la même place, cela peut altérer les résultats.
Là où mon métier entre en ligne de compte avec mon intervention c’est que je connais l’utilisation des flashs et leurs réactions. La trajectoire de la lumière est parfaitement démontré par les schémas plus haut et je peux confirmer que lorsque l’on photographie de personnes ou encore plus des objets, le simple fait de déplacer un flash de seulement quelques centimètres ou changer l’angle peut changer du tout au tout le résultat.
Je suis catégorisé comme un artiste vu mon métier, mais j’ai aussi un côté scientifique suite à un domaine d’études passé. Je trouve intéressante certaines émissions sur le »paranormale » mais dans le cas de cette présente émission »Rencontres paranormales », je trouve dommage le manque de rigueur de l’équipe, et que l’on tente de nous faire croire à n’importe quoi… Ce n’est pas de la recherche… mais un spectacle donné par un »médium » s’appuyant sur des histoires pour faire croire ce que les personnes espèrent entendre et voir…
Zack avait aussi fait une comparaison similaire entre le boîtier et le visage de fantôme sur son blogue: http://infoparanormal.wordpress.com/2010/12/04/analyse-de-la-photo-du-club-1234/
Article d’une grande pertinence comme toujours et des explications rigoureuses !
Tout à fait d’accord avec Zack!
Vos explications sont claires et faciles à comprendre. J’espère qu’après votre doctorat, vous mettrez voz talents de vulgarisateur au profit de l’enseignement!
Si la photo montre un vrai profil de femme, il est clair que ce profil correspond à la taille de l’interrupteur. Si une âme voulait reprendre apparence humaine, pourquoi en modèle réduit alors? Étrange…
Bonne journée tout le monde!
Merci beaucoup pour vos encouragements!
J’ai superposé les 2 images, celle avec le prétendu visage et celle avec l’appareil. J’ai du faire pivoter le calque parce que l’angle n’était pas identique.
J’ai donc 2 calques. Et jouant sur l’opacité du calque de l’appareil photo, on optient les résultat suivant:
Calque a 100%, 40% et 14% d’opacité:
http://picasaweb.google.com/ipstatic/Fantomas#5548526361929064850
http://picasaweb.google.com/ipstatic/Fantomas#5548526367403156818
http://picasaweb.google.com/ipstatic/Fantomas#5548526371749959026
Le cerveau humain est entraîné dès son jeune âge à détecter des visages.
Or, cette même capacité peut être un inconvénient, car il arrive souvent que l’on perçoit un visage là où il n’y en a pas.
Prenez par exemple la fameuse publicité de Hydro-Québec avec les prises murales électriques. Les trois trous forment un semblant de visage, avec 2 yeux et une bouche.
Lorsqu’on regarde une image très pixelisée et pas très nette, le cerveau essaiera de trouver un visage et assemblera certains groupes de pixels pour former des formes connues. C’est ce qu’on appelle le « Matrixing ».
C’est très décevant que des supposés experts en paranormal se soient faits berner par un simple effet de Matrixing!