James Randi et son offre d’un million de dollars à un médium québécois
Cette semaine, dans le cadre de sa visite à Montréal le 29 septembre dernier, le célèbre magicien et sceptique James Randi a lancé un défi d’un million de dollars au médium Roger Mainville. Le défi, le Million Dollars Paranormal Challenge offert par la James Randi Educational Foundation (JREF), consisterait pour M. Mainville à faire bouger une table sans pouvoir utiliser de truc. Vous pouvez lire la nouvelle plus en détail sur la page LaTable.ca.
Le protocole de vérification serait établi entre les deux partis de façon bilatérale, de sorte qu’il convienne aux deux partis impliqués. La vérification serait ensuite faite par un groupe indépendant qui déciderait si la vérification fut un succès ou un échec. Dans le cas d’une réussite, celui qui a relevé le défi obtiendrait un million de dollars.
Au sujet des prouesses de M. Mainville, James Randi a affirmé :
« Nous mettons au défi M. Mainville de démontrer qu’une force surnaturelle quelconque agit sur la table lors de ses “séances”, et que la table n’est pas simplement manipulée. Ce qu’il fait est soit une démonstration spectaculaire de pouvoirs surnaturels ou sinon un truc très banal. Nous lui remettrons un million de dollars s’il peut prouver la présence d’une manifestation surnaturelle quelconque. »
Ainsi, pour M. Mainville, il n’aurait qu’à démontrer que sa table bouge sans qu’il la manipule, ce qui devrait être en théorie une tâche facile qu’il exécute régulièrement. Il n’aurait même pas besoin de démontrer qu’il contacte réellement des entités. La simple démonstration de la table lui permettrait d’obtenir le million de dollars. Même s’il « trichait » en utilisant sa pensée pour faire bouger la table, si jamais cela était possible, il remporterait le prix, tant qu’il n’utilise pas de truc « naturel » (par opposition à surnaturel).
Le prix est connu à travers le monde, autant dans le monde des magiciens, dans le monde des médias, que dans le monde scientifique. Un des intérêts dans ce défi est qu’au moment de la vérification, la fondation de James Randi (la JREF) n’est plus directement impliquée, ce qui permet de réduire les conflits d’intérêts et ainsi augmenter l’objectivité.
Le personnage de James Randi
Pour ce qui est de James Randi lui-même, il laisse rarement indifférent. Du côté des sceptiques, il est en général apprécié pour ses efforts consacrés à démasquer les charlatans et à faire la promotion de l’esprit critique. Du côté des charlatans, il est assurément détesté puisque James Randi ne s’est jamais gêné pour les dénoncer (exemple : Geller et Poppof). Il existe aussi différentes critiques envers lui de la part des gens qui croient de façon honnêtement au paranormal. Certains considèrent que les preuves actuelles sont suffisantes.
Ce qui est sûr, c’est que James Randi a un franc parlé et n’hésite pas à être provocateur. Certains apprécient, d’autres non. Cependant, personne ne peut nier que sa contribution au monde du scepticisme est considérable.
Le défi du million de dollars
Dans le but de discréditer le défi que James Randi a lancé à M. Mainville, certains ont apporté différentes justifications. Je me consacrerai dans le reste de ce texte à discuter de certaines justifications tout en vérifiant si elles sont valides.
Avertissement : les citations utilisées dans les titres sont des interprétations personnelles d’éléments que j’ai pu lire et déduire. Mon but est de discuter des objections réelles et potentielles et non de pointer des personnes spécifiquement.
1. « Le million n’existe pas »
Il a été suggéré dans les dernières années par certaines personnes que le million offert par la JREF n’existe pas. Les médias n’ont jamais rapporté que l’argent n’existait pas, au contraire. Ce million a en fait déjà été vérifié, et ce à plusieurs reprises. De plus, un état du compte contenant le million est publié sur la page du défi (voir ici).
La JREF promet aussi de donner les détails du compte à toute personne qui participe au défi. De plus, puisque l’organisme est à but non lucratif, leurs déclarations fiscales est public et peut être consulté sur le site Foundation Founder (accessible ici). J’ai consulté leur dernière déclaration fiscale, et j’ai pu voir que la JREF a déclaré 1 million de dollars en actifs dans la catégorie « Temporarily restricted net asset ». Ceci correspond à un actif financier mis de côté en prévision d’une dépense ultérieure. C’est ce qui est réservé au défi, au cas où quelqu’un le remporterait.
Affirmer que le million n’existe pas est tout simplement infondé. Une petite recherche sérieuse permet de confirmer l’existence de cet argent. Même le site du défi explique comment trouver le million.
2. « James Randi n’a pas lancé lui-même le défi »
Le communiqué de presse qui contient les affirmations de James Randi a été écrit dans une collaboration entre le groupe Cartes sur table et la JREF (voir LaTable.ca pour plus de détails). C’est la branche montréalaise de CFI qui a organisé la visite de M. Randi et celle-ci est impliquée dans le groupe Cartes sur table. Ainsi, les contacts entre James Randi et le groupe Cartes sur table étaient déjà établis, ce qui a permis de discuter des activités des sceptiques Québec, ce qui a amené James Randi à lancer personnellement son défi à Roger Mainville.
James Randi lance ainsi bel et bien son défi à Roger Mainville. Critiquer comment James Randi a été informé de la situation et par qui, ou critiquer comment l’information a été transmise au principal intéressé constituent des éléments qui sont, à mon avis, plutôt insignifiants. C’est d’autant plus insigifiant qu’il s’agit tout de même de la possibilité de gagner un million de dollars en exécutant un travail quotidien. Par analogie, je doute qu’une personne refuse un contrat extrêmement bien rémunéré en utilisant un raisonnement similaire.
James Randi met régulièrement au défi des médiums et voyants, surtout ceux qui reçoivent le plus d’attention médiatique (voir une nouvelle à ce sujet). Et dans la dernière année, le médium Roger Mainville a été sans aucun doute un des médiums les plus médiatisés au Québec.
3. « Si quelqu’un réussissait le défi, M. Randi ne lui donnerait même pas l’argent »
Ceci est tout simplement infondé. Il s’agit aussi de déclarer quelqu’un de mauvaise foi a priori, sans justification profonde. Les médias connaissent très bien ce défi, et la réputation de la JREF tomberait littéralement si elle refusait de payer. L’argent est disponible sous forme d’actifs, et un contrat serait signé entre les deux partis.
En fait, le contrat qui doit être rempli pour participer au défi contient une clause qui oblige la JREF à donner 10 000$ au participant aussitôt qu’il réussit le défi (lire le contrat). Le reste sera ensuite donné dans les dix jours suivants. Le contrat a une valeur légale, comme tout autre contrat signé par deux partis. Ainsi, une personne qui ne recevrait pas l’argent malgré son succès pourrait aller devant les tribunaux et exiger son versement.
4. « Victor Zammit offre 1 million de dollars pour prouver que le paranormal n’existe pas et personne ne l’a relevé »
Une affirmation similaire a été faite par un des responsables de la page Facebook de Paracontacts (voir ici) dans le but de démontrer, semble-t-il, que même les sceptiques ne sont pas capables de prouver leur position. Cependant, la position des gens comme James Randi n’est pas de dire qu’il existe une preuve que le paranormal n’existe pas, mais plutôt qu’il n’y a aucune preuve convaincante que le paranormal existe.
Ensuite, prouver un négatif est en général impossible. On ne peut pas prouver l’inexistence de quelque chose qui n’existe pas. Par exemple, si je définis une particule avec les propriétés X et que je veux prouver qu’elle n’existe pas, je devrais fouiller l’univers dans son entièreté, et ce dans tous les instants possibles. Ceci est impossible. De l’autre côté, aussitôt que je détecterais une seule fois cette particule, ce serait une preuve de son existence. C’est pour cette raison que le fardeau de la preuve revient toujours à celui qui fait les affirmations.
Cette affirmation sur la page Facebook de Paracontacts est aussi une déformation du défi de M. Zammit (visitez son site web à victorzammit.com). Son défi est plutôt de « prouver scientifiquement » que les preuves qu’il a apportées dans son livre sur l’existence de la vie après la mort sont insuffisantes. Il admet lui-même sur sa page web qu’il est impossible de prouver l’inexistence de quelque chose, et contredit ainsi lui-même l’affirmation faite par l’équipe Paracontacts.
Son défi pose problème. En effet, il inverse le fardeau de la preuve. En science, pour qu’une affirmation soit acceptée comme vraie, la preuve doit être hors de tout doute raisonnable. Ainsi, un doute le moindrement raisonnable rend la preuve non-fondée.
M. Zammit demande que l’on prouve hors de tout doute raisonnable que sa preuve n’est pas fondée. Ainsi, si sa preuve amène un doute raisonnable, son défi n’est pas relevé. Or, d’un point de vue scientifique, sa preuve tomberait en amenant un simple doute, pas en démontrant hors de tout doute que sa preuve n’est pas fondée. Il n’exige pas lui-même que sa preuve remplisse les critères scientifiques de preuve, mais il veut que la « contre-preuve » remplisse ces critères.
Personnellement, tout comme un grand nombre de sceptiques, je ne rejette pas la possibilité de l’existence de la vie après la mort. Il y a des points qui doivent être examinés et considérés. Mais je ne considère pas que sa preuve est scientifiquement convaincante et définitive, tout comme la la plus grande partie de la communauté scientifique. Si M. Zammit voulait faire un défi réaliste, et qu’il croyait vraiment en sa preuve, il devrait plutôt demander de démontrer que sa preuve ne remplit pas les critères scientifiques.
Enfin, le défi de M. Zammit demande aussi de prouver en plus que 40 personnes sont menteuses. Il s’agit de policiers qui prétendent avoir utilisé les services de voyants. Or, pour prouver qu’une personne est menteuse, il faut prouver qu’elle sait que ses affirmations sont fausses. Il se pourrait que les policiers aient tout simplement été trompés ou qu’ils n’aient pas jugé objectivement des habiletés des voyants. Ainsi, selon le défi de M. Zammit, s’il s’agit d’une erreur d’évaluation des policiers et non d’un mensonge, il est impossible de gagner son défi.
5. « La moralité de M. Randi est douteuse et il a une mauvaise réputation »
Certains défendent l’idée que la moralité de Randi est douteuse. En effet, il y a certains sites et certains individus qui le critiquent sévèrement. Ce qui est sûr, c’est que les charlatans le détestent et ne se gêneront pas pour le dénigrer. Les gens qui croient honnêtement au paranormal n’apprécient pas habituellement son défi non plus. Son défi et ses dénonciations ont beaucoup dérangé entre autres les médiums et voyants qui se sont fait régulièrement challenger.
Cette accusation de manque de moralité n’est pas nouvelle. Sylvia Browne, une médium américaine, avait déjà accepté publiquement le défi de James Randi (voir ici). Quelque temps plus tard, sa représentante a indiqué publiquement que Mme Browne ne ferait pas le test puisque James Randi n’est pas un « être de Dieu » (il est athée).
Personne n’est moralement irréprochable. Il est certain qu’en fouillant dans le passé de M. Randi, tout comme en fouillant sur n’importe qui, on peut trouver des choses que l’on n’apprécie pas. Mais peut-on considérer que James Randi est suffisamment amoral pour rendre le défi de la JREF inacceptable? Ce qui est sûr, c’est qu’il faut éviter de tomber dans le piège de se fier à des affirmations sans fondement trouvées sur Internet. Il est facile de lancer toute sorte d’accusations sur quelqu’un lorsque cette personne est très connue et qu’il y a des gens qui sont dérangés par ses actions. Si vous trouvez des textes dénigrant M. Randi, fouillez pour trouver des sources fiables, pour savoir si c’est fondé.
M. Randi a de façon globale contribuer positivement à promouvoir de diverses façons l’esprit critique et à démasquer des charlatans, dont Uri Geller et Peter Popoff. Ce dernier prétendant guérir les gens par la foi et encourageait ces gens à se débarrasser de leurs médicaments. Peu de gens considèrent sa dénonciation comme étant moralement inacceptable (sauf les gens qui vont toujours croire à Popoff). Ainsi on peut difficilement considérer M. Randi comme « fondamentalement méchant ».
La vérification du défi n’étant pas faite par James Randi lui-même, mais par un parti indépendant, une personne ayant des pouvoirs paranormaux pourrait faire le test, le réussir et ensuite refuser le million s’il juge que l’argent n’est pas « moralement propre », pour des motifs quelconques. Que les vérificateurs déclarent que le défi a été un succès serait une victoire majeure dans le monde des croyants au paranormal. Même si la personne testée refusait d’accepter l’argent pour des raisons idéologiques, le monde du paranormal s’en réjouirait fortement.
Enfin, le million ne vient même pas de James Randi lui-même, mais de dons, qui ont été faits de façon volontaire bien sûr. L’argent ne lui appartient pas personnellement, mais elle appartient plutôt à sa fondation.
6. « Si quelqu’un gagne le million, il va faire rire de lui »
En fait, Victor Zammit admet lui-même que le défi de James Randi a beaucoup perturbé le monde des médiums et voyants. Il a même déjà tenté de participer au défi de James Randi, selon une discussion que j’ai eue avec ce dernier. Si une personne gagnait le défi de la JREF, ceci donnerait assurément énormément de fierté aux gens qui croyent et défendent le paranormal.
De plus, le défi est connu à travers le monde. Les médias du monde entier parleraient sans aucun doute de ce succès et présenteraient cela comme étant une étape majeure dans l’acceptation de l’existence de phénomènes paranormaux.
Le monde scientifique connait aussi en général ce défi. Ainsi, le monde scientifique n’aurait pas tellement le choix de s’intéresser de façon plus générale à ce phénomène qui aurait été démontré devant un groupe indépendant dans des conditions où la tricherie était pratiquement impossible.
La BBC avait déjà tenté de relever le défi du 1 million, afin de tester la mémoire de l’eau, qui est au coeur des principes homéopathiques (voyez le reportage). Il s’agit d’une chaîne britannique très respectée, et ce à travers le monde. À ce que je sache, on ne s’est jamais moqué publiquement de la chaîne pour avoir participé au défi. De plus, sa crédibilité n’en a jamais souffert, à moins que j’aie manqué quelque chose. Et si James Randi était reconnu pour être aussi peu moral que certaines personnes prétendent, je doute fortement que la BBC ait accepté de faire affaire avec la JREF.
La BBC aurait eu beaucoup plus à perdre côté crédibilité que M. Mainville en participant au défi, si jamais ce défi avait une aussi mauvaise réputation côté moral. Alors il est difficile de croire qu’on puisse considérer que la personne qui va gagner le défi va faire rire de lui. Ce serait plutôt la personne gagnante qui gagnerait en crédibilité, alors que la JREF en prendrait un coup dur.
Si M. Mainville relevait le défi, il serait reconnu à travers le monde et pourrait obtenir beaucoup d’aide et de collaboration. Il est difficile à croire que des gens se moqueraient de sa réussite. Sa contribution aux connaissances actuelles serait majeure. En fait, il n’aurait probablement même pas besoin de l’argent de M. Randi après le succès du défi puisqu’à partir de ce moment il obtiendrait facilement, je devine, du financement pour ses expériences et enquêtes.
Conclusion
La vérification est simple pour M. Mainville : démontrer objectivement devant un groupe indépendant qu’il ne manipule pas la table lui-même, ce qu’il prétend pourtant faire régulièrement sans problème. Cependant, contrairement à ce qui est considéré comme acceptable dans l’émission Rencontres paranormales, il ne pourrait plus justifier ses pouvoirs en se fiant uniquement à des témoignages basés sur de simples impressions subjectives.
Je doute que M. Mainville n’ait pas le temps ou l’intérêt pour faire une séance qui lui rapporterait 1 million de dollars en plus de l’aider énormément à faire la promotion du paranormal dans le monde entier. Sa simple réussite provoquerait une onde de choc à travers le monde entier. Il m’apparait difficile de voir pourquoi il pourrait refuser ce défi. En fait, si jamais M. Mainville n’a pas les pouvoirs qu’il prétend avoir, il est clair qu’il devra ignorer le défi ou sinon trouver des justifications pour le refuser ou le discréditer.
Lectures suggérées sur le défi:
1) Million Dollars Paranormal Challenge FAQ
2) Les règles du défi
Ouais ouais, ça donne envie de participer au défi…!
Votre site est une belle découverte pour moi. Vous y avez consacré beaucoup de temps et une énergie peu commune. Je vous remercie au nom de la quête du bon sens.
— Jean-Pierre Rhéaume, Montréal (Québec) CANADA
Paranormal ou du « Mind Control » bien caché?
http://www.hearingvoices-is-voicetoskull.com/
Vous auriez avantage à prendre connaissance des techniques du « Mind Control », du « Gang Stalking » et du « harcèlement électronique », car elles sont similaires, pour une bonne part, des effets dits « paranormaux ». Voici quelques liens:
http://www.hearingvoices-is-voicetoskull.com/
http://targetedindividualscanada.wordpress.com/
http://gangstalking.wordpress.com
http://francequenneville.blogspot.ca/2011/03/methodes-et-tactiques-de-gang-stalking.html
http://francequenneville.blogspot.ca/2010/12/harcelement-electronique.html
http://www.naturalnews.com/038380_covert_hypnosis_mind_control_PSYOP.html
Bonne lecture!
France Quenneville