La plainte: en réponse à Paracontacts
Suite à la diffusion des informations sur la plainte au CCNR (lire l’article précédent), un membre de Paracontacts a posé une question sur la page Facebook de l’équipe. Je désirais prendre le temps d’y répondre ici, entre autres pour informer davantage les lecteurs de ce blogue du processus en cours.
Ainsi, sur la page Facebook de Paracontacts, on demande:
« J’ai eu aussi le loisir de lire certains documents et suite à cette lecture, je vous pose cette question: Laisseriez-vous des individus sans expertise en télé, décider de ce qui est bon ou moins bon pour la population concernant le contenu d’une émission ? »
La question de l’expertise est une thématique qui revient souvent chez certains membres de Paracontacts. En fait, c’est souvent utilisé comme un argument pour défendre une idée. Faire appel à l’autorité est, de façon générale, une erreur d’argumentation. Ce qui rend une affirmation vraie ou fausse, ce n’est pas la source de celle-ci, mais bien le contenu de cette affirmation et les arguments qui la soutiennent. C’est pour cette raison que sur ce blogue je n’ai pas défendu mes arguments en disant simplement que je suis physicien. J’ai toujours voulu soutenir mes affirmations par des arguments, en tentant d’aller en détail lorsque possible.
Notez ici que je parle de la question de déterminer le vrai du faux. Il est certain que lorsqu’on veut une aide technique (ce qui est différent que de déterminer le vrai du faux), on va parfois préférer faire affaire avec une personne ayant une expertise dans la tâche à accomplir. Aussi, lorsqu’un sujet est bien établi, qu’il n’est pas impliqué dans quelque débat majeur que ce soit, on peut faire un certain appel à l’autorité. Mais il faut garder en tête que ce qui compte, ce sont les affirmations et non l’expertise en tant que tel. Il existe de nombreuses situations dans l’histoire où des « experts se sont trompés. Cependant, il est clair que de façon générale, les connaissances scientifiques ont progressé.
Pour ce qui est de «l’expertise en télé», il est difficile de comprendre en quoi il est pertinent d’avoir ce genre d’expertise dans le contexte de la plainte. D’abord, il s’agit dans cette affaire d’une question d’éthique. TVA est volontairement membre du CCNR et est ainsi soumis à un code de déontologie. La responsabilité de soulever les manquements potentiels à ce code est laissée aux citoyens. Le CCNR se charge ensuite d’analyser la plainte et de prendre une décision en conséquence.
En fait, si le CCNR juge que la plainte est pertinente, il soumettra le dossier à un comité composé de représentants du grand public et de diffuseurs pour prendre une décision (source). Une des conséquences possibles, si la plainte est fondée, est un blâme au diffuseur.
Ensuite, qu’est-ce qu’un «expert en télé»? Un caméraman? Un responsable de la programmation? Un monteur? Un producteur? Quelle est la pertinence de lui donner autorité pour juger d’un cas éthique? Et voudrions nous priver les citoyens de signaler des problématiques dans le contenu des émissions de télé? Est-ce que cette question suggère que le CCNR devrait engager des « experts en télé » pour regarder toutes les émissions diffusées à toutes les chaînes pour juger de leur contenu?
Fondamentalement, la question sur la page Facebook de Paracontacts ne remet pas en doute le contenu de la plainte formulée. Elle remet plutôt en doute le fonctionnement même du CCNR et peut-être même la pertinence de l’existence d’un code de déontologie. En effet, c’est un comité formé par le CCNR qui rend un jugement et non les plaignants.
Ainsi, en réponse à la question, je crois qu’il est important de permettre aux citoyens de soulever les manquements potentiels au code de déontologie et de ne pas réserver cette tâche à un seul groupe de personnes. De toute façon ,« l’expertise en télé » n’est pas fondamentalement essentielle pour évaluer s’il y a eu un manquement éthique chez un diffuseur. Alors, oui, je laisserais à des gens sans « expertise en télé pour juger de l’aspect éthique de ce qui est diffusé.